vendredi 2 octobre 2009

Les grands fonds marins ravagés par la pêche

Lu dans Géo de septembre cet article de Blaise Mao qui nous concerne tous :




Éponge dans un filet de pêche
Indonésie
© Norbert Wu/Science Faction/Corbis

L’actu :
Greenpeace a lancé le 30 septembre une campagne européenne "de sensibilisation et de pression" auprès des consommateurs et des enseignes de grande distribution. Objectif : inciter les supermarchés à retirer de la vente les espèces des grands fonds menacées par la surpêche.

Le contexte
La pêche dans les grands fonds a débuté à la fin des années 1960, quand les stocks de poissons de surface ont commencé à décliner. Des chalutiers déploient d’immenses filets, lestés et traînés sur le plancher océanique. Une méthode qui détruit la biodiversité marine, notamment les récifs coralliens.

Aujourd’hui, 285 chalutiers pratiquent ce type de pêche, dont une centaine en Europe et moins de 10 en France. Le chalutage se déroule essentiellement dans les grands fonds de l’Atlantique Nord-Est, à l’ouest de l’Ecosse et au sud du Groenland et de l’Islande. Il concerne 8 espèces de poissons en particulier : l’empereur, le flétan du Groenland, le grenadier de roche, le hoki, la lingue bleue, le sabre noir, le sébaste et le siki.

En 2006, des ONG et plusieurs Etats (notamment des îles du Pacifique) ont demandé la mise en place d’un moratoire sur le chalutage des grands fonds. Les Nations Unies ont préféré adopter la résolution 61-105. Ce texte demandait aux États de réaliser des études d’impact pour évaluer les conséquences écologiques de la pêche dans les grands fonds afin de l’interdire avant le 31 décembre 2008 dans les zones où les écosystèmes sont les plus fragiles. Ce qu’aucun pays n’a fait.

L’enjeu
Les écosystèmes des grands fonds océaniques sont encore en grande partie inconnus des scientifiques. "La recherche en océanographie profonde, c’est le Far West" affirme Claire Nouvian, fondatrice de l’association de conservation marine Bloom. "A ce jour, les scientifiques n’ont cartographié qu’une surface équivalente à celle de Paris et considèrent que ces écosystèmes abritent entre 10 et 30 millions d’espèces encore inconnues. A titre de comparaison, on a aujourd'hui recensé sur Terre environ 1 300 000 espèces".

Seule certitude : ces écosystèmes fragiles ont une très faible capacité à se régénérer après le passage d’un chalut. La biodiversité qu’ils abritent est composée de coraux et de poissons dits "à croissance lente", c’est-à-dire pouvant vivre très longtemps : jusqu’à 160 ans pour le poisson empereur ou plus de 4000 ans pour certains coraux.

"Le principe de précaution devrait inciter à arrêter de pêcher ces espèces tant que les connaissances scientifiques restent faibles" estime Emmanuel Buovolo, chargé de campagne Océans à Greenpeace.

Les chiffres communiqués par le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), l’instance scientifique chargée de mesurer l’état des stocks de poissons, sont particulièrement préoccupants. Depuis 2003, le chalutage des grands fonds dans l’Atlantique Nord-Est a entraîné une baisse de 75% des stocks de grenadiers, de 67% des lingues bleues et de 65% des sabres noirs.

La campagne
Pour préserver la biodiversité des grands fonds marins, Greenpeace demande aux enseignes de supermarché de "retirer ces poissons de la vente pour se positionner comme les acteurs d’une pêche durable". Emmanuel Buovolo estime que la grande distribution "a beaucoup à y gagner en termes d’image".

A plus court terme, l’ONG plaide également pour un meilleur étiquetage de ces poissons, souvent vendus illégalement sous d’autres noms dans les rayons des supermarchés. Une étude réalisée par Greenpeace durant l’été 2009 dans une dizaine de supermarchés français montre par exemple que "le nom requin n’est jamais utilisé pour la vente de siki" ou que le sébaste est vendu sous l’appellation de "dorade grise" ou "dorade royale".

Greenpeace demande donc à la grande distribution de mettre en place un "étiquetage complet", qui précise le lieu et la méthode de pêche, ainsi que le nom exact du poisson.

2 commentaires:

Aquablog a dit…

Bonjour,
Il va falloir que les ONG s'entendent entre elles sur les espèces de grands fonds. Dans la liste, vous indiquez le Hoki, poisson pêché au large des côtes néo-zélandaises qui a le label pêche durable MSC. Les grandes sociétés françaises de poissons panés utilisent ce hoki dans leur préparation en apposant le label MSC (Pêche durable).
Je pense qu'il faut être plus réservé par rapport à ces campagnes médiatiques. Il y a le pour et le contre.
La pêche est une activité très complexe avec des enjeux économiques énormes, un commerce international estimé 100 milliards de US $.
A lire : La guerre fait rage entre les prétendants de la pêche durable
http://aquaculture-aquablog.blogspot.com/2009/08/la-guerre-fait-rage-entre-les.html

Aquablog

Unknown a dit…

Bonjour,
Merci de vos remarques mais je n'ai pas écrit moi-même ce texte. Comme mentionné dans le blog, il est reproduit de Géo.
La partie qui m'a interpellé était la protection des fonds marins et la biodiversité. Nous sommes en Guadeloupe et c'est un vrai problème que la destruction des coraux.¨La lenteur de leur croissance et leur fragilité en font des éléments à défendre becs et ongles.
Et j'ai la chance de ne manger que du poisson frais ramené par des pêcheurs mais actuellement, ils doivent aller jusqu'à 40 km des côtes dans leur saintoise pour nous offrir des dorades coryphènes, capitaines, thazards, bonites, etc. parce qu'il n'y a plus grand chose à pêcher plus près en raison d'excès d'hier qu'on reproduit actuellement plus au large.
Quant aux enjeux économiques de la pêche, je ne suis pas convaincue que détruire les habitats des espèces marines sans discernement soit le meilleur moyen de les préserver.