L'île et une nuit

Extraits de "L'île et une nuit" de Daniel Maximin, éditions du Seuil (p. 11 et 14) :

L'énergie-désespoir prend des forces depuis trois jours sur l'océan de septembre, préparant son menu d'îles-Caraïbes à dévaster au hasard.

Nous allons laisser vivre la catastrophe jusqu'à la satiété de sa violence, brasser rêves et cauchemars sans dormir, pour avoir une chance d'arriver jusqu'à sa fin, qui aura bien dégagé le ciel pour le premier soleil, afin qu'il sèche vite le pain, les yeux, l'espoir et les matelas ....

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Car pour nous qui l'avons déjà vécu, nous savons que le tremblement de terre catastrophie nos pieds, embarquant le sol en lames de fond sans eau. Sans prévenir pour préparer nos bases et nos replis. Avec en nous une peur sèche dont la cause cesse avant qu'on l'ait tenue, sans même un lieu tangible à fuir, ni un temps suffisant pour chercher un refuge qui n'existe ni dehors ni dedans. Solitude absolue ...

Et pour nous qui l'avons déjà vécue, nous savons que l'éruption volcanique catastrophie nos têtes. Courbé sous le feu des cendres, le ciel s'abaisse sur nous sans étoiles ni soleil, et l'île culmine ensuite moins haut. Les Soufrières évacuent frères et soeurs aux autres coins des îles, pour mieux semer leur terreau fertile sur le pays en jachère ...