mercredi 8 juin 2011

Les sources thermales : vers un nouvel essor ?



BASSE-TERRE



Sources thermales de la Basse-Terre : vers une mise en valeur médicale et touristique



Daniel DULIN / M.G. France-Antilles Guadeloupe 20.10.2010



Le docteur Alex Ruart, auteur du rapport sur les perspectives de développement du thermalisme en Guadeloupe, et Maryvonne Richard, présidente de l'association Faire ensemble pour Basse-Terre, à l'initiative de la présentation de l'étude à la CCI de Basse-Terre. (D.D.)









Présentation d'un rapport sur les perspectives de développement du thermalisme et des sources chaudes. À l'initiative de Maryvonne Richard, présidente de l'association « Faire ensemble pour Basse-Terre » , une réunion s'est tenue dernièrement à la CCI de Basse-Terre sur les perspectives de développement du thermalisme à des fins médicales et touristiques en Guadeloupe. La conférence était présentée par le docteur Alex Ruart, médecin spécialiste en rhumatologie, chargé de mission par le conseil régional, et auteur du rapport sur la question. Trois points ont été abordés : la mission, la notion de ressource et la préconisation site par site. La mission consiste à réaliser une étude sur les perspectives de développement du thermalisme à des fins médicales et touristiques. En Guadeloupe, six sites présentent un intérêt majeur dans le cadre de cette mission : Bò-rivyé à Deshaies, Dolé-les-Bains à Gourbeyre, Ravine-Chaude à Lamentin, Matouba-Papaye à Saint-Claude, Sofaïa à Sainte-Rose et anse à la Barque, limitrophe de Bouillante et de Vieux-Habitants.


La mission, réalisée en novembre 2009, a permis de mettre en évidence les sources pouvant donner lieu à un projet d'aménagement et de mise en valeur. Elles se répartissent en cinq catégories et constituent un potentiel à forte valeur ajoutée touristique : les sources captées et exploitées pour les usines d'embouteillage de Capès-Dolé et de Matouba ; les sources captées par des ouvrages anciens et utilisées par le passé pour le thermalisme thérapeutique comme la source des bains chauds de Matouba-Papaye, qui alimentait l'établissement thermal Harry Hamousin (rhumatologie, ORL, voies respiratoires, dermatologie) ; les sources captées par forage sur le site de Ravine-Chaude et de Sofaïa ; les sources chaudes terrestres de Bouillante, de la Soufrière, et du pôle Capès-Dolé ; et les sources marines de Bouillante.


- Les membres de la mission : Alex Ruart, médecin spécialiste en rhumatologie, coordonnateur de la mission ; Marie-Noëlle Blanquier, chargée de mission, experte en thermalisme et tourisme de bien-être de la région Midi-Pyrénées ; Michel Burner, urbaniste, expert judiciaire, conseil aux collectivités territoriales en matière de développement durable ; Denis Collidor, docteur en droit, directeur de l'usine Capès-Dolé ; Jean-Jacques Jérémie, professeur de géologie à l'université Antilles-Guyane.


(1) 12 ans d'expérience au centre thermal Harry-Hamousin à Matouba/Saint-Claude.




- Les solutions préconisées site par site


- Matouba-Papaye est destiné à accueillir un établissement thermal conventionné. Ce projet de création devra s'inscrire dans une démarche d'aménagement global de la commune, visant à lui conférer un paysage de station thermale et touristique. Il faudra également prévoir la création de structures d'hébergement adaptées à des séjours longs de trois semaines.


- Ravine-Chaude fait, depuis longtemps, l'objet d'une volonté municipale de développement d'une activité de thermalisme médical. La commune souhaite également créer un centre de préparation et de récupération pour les sportifs amateurs et de haut niveau. Cependant, le projet doit nécessairement intégrer, en phase initiale, le recaptage de la source, qui pourrait coûter entre 300000 et 500000 euros.


- Sofaïa a bénéficié, en février 2008, d'une étude réalisée par l'Office national des forêts, qui propose un projet d'aménagement global du site et d'accueil du public de nature afin de constituer un pôle touristique attractif, ainsi que le réaménagement des douches thermales ou leur remplacement par un bassin. Tout en conservant l'existant, la mise en valeur de la source de Sofaïa doit être repensée.


- Capès-Dolé se caractérise par un ensemble de sources thermales aux débits abondants. Les nombreux avantages du site (débit très important, captages déjà réalisés et autorisés, surveillance de la ressource déjà assurée, maîtrise foncière...) incitent à mener à bien un projet de création d'un complexe touristique de « bien-être thermo-ludique et spa thermal » avec hébergement. Pour se différencier de la concurrence et conforter l'attractivité du produit, deux orientations peuvent être avancées : l'une axée sur la prévention des maladies de civilisation telle que l'obésité, l'autre s'appuyant sur le savoir-faire local en matière de phytothérapie et d'utilisation de fruits et de végétaux locaux bienfaisants pour les prestations de bien-être et le spa. Une étude de définition précise des équipements et de leur dimensionnement d'environ 70000 euros est indispensable pour l'obtention des financements européens. Ce projet porté par la société de Capès-Dolé est fortement soutenu par la commune de Gourbeyre.


- L'anse à la Barque, située à la frontière de Bouillante et de Vieux-Habitants, est particulièrement agréable. La source située sur la plage a été captée par forage. Ce site s'avère tout à fait approprié à la création d'un bassin en eau thermale, qui permettrait de coupler le bain thermal au bain de mer, ce qui constitue une offre à la fois rare et attractive. Un projet en ce sens nécessite une étude hydrogéologique de recaptage par forage, soit par rechemisage de l'ouvrage existant, soit par un nouveau forage. Coût : entre 200000 et 300000 euros (étude préalable et plateau technique de surface).


- Source « Bò rivyé » à Deshaies. Située sur un terrain privé en bordure de la rivière qui traverse le bourg, le débit est faible, mais pourrait permettre une petite exploitation touristique.


Les Guadeloupéens profitent depuis longtemps des eaux de Dolé. (PHOTO D'ARCHIVES)Les Guadeloupéens profitent depuis longtemps des eaux de Dolé. (PHOTO D'ARCHIVES)




- Bouillante : un gros potentiel


Outre les six sites retenus par la mission, la réflexion a porté également sur quatre sources du territoire de Bouillante, mais pour l'heure c'est l'anse à la Barque qui a retenu l'attention.


- L'anse Thomas demeure une priorité pour la commune en matière d'aménagement. Elle présente la particularité d'une source thermale émergeant en mer, dans un bassin naturel situé en bord de littoral.


Le projet porte sur la réhabilitation générale du site avec aménagement de l'accès et du parking, et la construction et l'équipement des lieux d'accueil.


- La baie de Bouillante est riche de plusieurs sources sous-marines et terrestres. Au plan touristique, nous sommes en présence d'un potentiel de mise en valeur et d'exploitation du gisement thermal remarquable et unique, portant sur un projet d'ensemble de la plage. Il peut donner lieu à un projet de loisir thermal, marchand et commercial, autour de bassins animés et ludiques, alimentés en eau thermale sur le principe des centres thermo-ludiques. Le projet nécessite la réalisation d'un forage thermal et une procédure de dérogation pour l'utilisation d'une eau thermale dans un équipement thermo-ludique. Cependant, ce projet pourrait être incompatible avec la proximité de la centrale géothermique.


- Les bains de la Lise, situés sur la propriété privée du Bois Malher. Deux sources alimentent trois petits bassins dans un bâtiment à l'abandon. Dans le cas d'une reprise du site par la commune, un privé ou une société d'économie mixte, il y a un potentiel d'aménagement touristique intéressant après recaptage des sources par forage.


- Le Bain du curé, situé sur l'Anse-à-Sable à Pigeon. Difficilement accessible, la source émerge de la falaise, en bord de mer, dans un bassin abrité et carrelé où subsistent d'anciennes cabines. Son très faible débit (0,1 litre/seconde) et sa difficulté d'accès ne permettent pas d'envisager une conformité aux règles sanitaires et d'hygiène requises dans le cadre de la réglementation des baignades aménagées.


Les sources chaudes de Thomas demeurent une priorité pour la commune. (PHOTO D'ARCHIVES)Les sources chaudes de Thomas demeurent une priorité pour la commune. (PHOTO D'ARCHIVES)


Tout en conservant l'existant, la mise en valeur de la source de Sofaïa doit être repensée. (PHOTO D'ARCHIVES)Tout en conservant l'existant, la mise en valeur de la source de Sofaïa doit être repensée. (PHOTO D'ARCHIVES)




- ILS ONT DIT...


DR ALEX RUART, MÉDECIN RHUMATOLOGUE (1) : « L'intérêt de ce travail est d'ordre économique et touristique »




J'ai conduit une mission à la demande du conseil régional, au sein d'une équipe de six personnes. Nous avons travaillé pendant un an et rencontré tous les maires des communes concernées : Bouillante, Deshaies, Lamentin, Sainte-Rose, Gourbeyre, Saint-Claude. Notre objectif est de faire comprendre qu'un projet ne peut se réaliser qu'après avoir évalué la ressource en eau, en tenant compte de deux critères fondamentaux : le débit et la thermalité. Nous avons préconisé, site par site, un projet cohérent en fonction de la ressource. Ce projet a été remis le 4 septembre au président de la Région, et nous essayons de communiquer le contenu de ce rapport par le biais de conférences. L'intérêt de ce travail est d'ordre économique et touristique. Il contribue à apporter une valeur ajoutée à la destination Guadeloupe.


ÉLIE CALIFER, MAIRE DE SAINT-CLAUDE : « Il faudra une volonté politique plus forte »




La commission a fourni un excellent rapport. Cependant, le contenu technique n'est pas spécialement favorable à Saint-Claude, surtout à cause du problème d'accessibilité des sources. Il faudra donc une volonté politique plus forte et plus affichée pour développer un nouveau projet. Certes, le centre Hamousin est fermé. Pourtant, Saint-Claude est normalement le site le plus adéquat pour faire du thermalisme médical. Nous manifestons notre volonté de développer un projet médical, avec nos atouts. Réaliser un centre de soins homologué à Saint-Claude constituerait une grande économie en termes de déplacements pour les Guadeloupéens et pour la Sécurité sociale...


LUC ADÉMAR, MAIRE DE GOURBEYRE : « Il faut s'inscrire dans la modernité »




Dolé est un lieu chargé de symboles, reconnu pour la qualité de ses eaux. Les curistes y venaient, fréquentaient les bassins, séjournaient à l'hôtel, profitant de l'environnement et du climat. C'était un lieu de villégiature. De nos jours, il faut s'inscrire dans la modernité. Les études menées tiennent compte de la potentialité de l'eau, il nous faut développer l'aspect environnemental, patrimonial et culturel. Nous possédons un grand domaine de 15 hectares avec de jolis coins. Nous sommes favorables à la réalisation d'un projet de type thermo-tourisme.




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